Burgaud refuse de demander pardon aux acquittés d'Outreau

Le juge Fabrice Burgaud, qui a instruit l'affaire de pédophilie d'Outreau, refuse de demander pardon aux 13 personnes acquittées dans ce dossier après de longues périodes de détention.

"J'ai le sentiment d'une profonde injustice, je suis mis en position d'accusé alors que j'estime avoir rempli ma mission honnêtement et conformément à la loi", dit-il dans une interview à l'Express, la première depuis le début de cette procédure.

"Ce serait la solution de facilité pour moi de présenter des excuses, comme si cela pouvait permettre d'occulter une discussion sur d'éventuelles responsabilités", ajoute-t-il.

Il dit avoir conscience des souffrances des acquittés d'Outreau et de celles de leurs proches, qui lui reprochent sa partialité et son aveuglement devant les accusations d'enfants qui se sont avérées fantaisistes.

Selon les 13 acquittés, il n'aurait pas tenu compte d'éléments à décharge et aurait persisté dans la piste du réseau pédophile, alors même que la police lilloise avait infirmé les accusations au printemps de 2002.

"Pour ma part, j'ai le sentiment d'avoir agi en conscience", déclare cependant le juge, qui fait valoir que ses propres proches "ont souffert et souffrent encore" des attaques personnelles dont il a été la cible.

Le juge Burgaud assure qu'il a demandé "en conscience" la détention des 13 pour "protéger les enfants".

Il explique qu'il avait à l'époque une centaine de dossiers à instruire et rappelle qu'il n'était pas le seul magistrat à travailler sur cette affaire.

Actuellement en poste au parquet de Paris, le magistrat a été interrogé par l'inspection générale des services judiciaires lundi dernier. Il doit déposer devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale fin janvier