Va-t-on manquer de cuivre et d'autres métaux dans le futur ?

Le cuivre est un métal utilisé dans bien des domaines. Il permet la production de l'électricité, son transport et son acheminement jusqu'aux prises électriques. Mais le cuivre est relativement rare comparé à d'autres métaux comme le fer ou l'aluminium qui composent une bonne partie de la Terre elle-même. Ainsi, selon un groupe de chercheurs qui ont compilé des données sur son extraction, son utilisation et sa réutilisation, le cuivre est un excellent indicateur d'une éventuelle pénurie de ressources. Selon leur étude, la quantité globale de cuivre est insuffisante pour fournir un mode de vie développé à tous les habitants de la planète.

"Nous avons recueilli l'ensemble des informations sur tout le stock en service", indique Thomas Graedel de l'université de Yale. "Nous connaissons la quantité réelle de cuivre nécessaire pour satisfaire les besoins en électricité, plomberie, ou réseaux de transport et nous avons désormais une vision bien meilleure que par le passé des quantités exigées afin que chaque être humain puisse vivre comme un habitant d'un pays développé".

Graedel et ses collègues ont travaillé sur des données archéologiques, historiques et modernes pour déterminer les quantités de cuivre extraites du sol et utilisées ainsi que les quantités gaspillées au cours du 20ème siècle. A elle seule l'Amérique du nord a extrait 164 millions de tonnes de ce métal. En se basant sur le taux actuel de découverte de nouveaux gisements et sur des estimations géologiques, les chercheurs ont estimé que 1,6 milliard de tonnes pourraient potentiellement être encore introduits dans le circuit d'utilisation. Cette analyse se fonde sur la plus large estimation possible du cuivre disponible aussi bien que sur une absence de contraintes énergétiques et environnementales. En revanche, une enquête géologique américaine ne prévoit la disponibilité que de 950 millions de tonnes. "Il est évident que chaque mètre carré de la Terre n'a pas été sondé mais il reste peu d'endroits à explorer", remarque Graedel. "Nous n'allons pas découvrir soudainement un nouveau continent".

Les chercheurs ont examiné l'utilisation "par tête d'habitant" du cuivre aux USA et dans d'autres pays développés. Alors que quelques théoriciens avaient prévu un ralentissement dans l'utilisation du métal avec la diminution des infrastructures métalliques des constructions, les chercheurs ont montré que l'utilisation globale de cuivre aux USA s'élevait à 238 kilogrammes par personne en 1999. Le déclin dans des secteurs comme l'industrie ou les chemins de fer étaient plus que compensé par des augmentations dans des secteurs comme l'automobile ou les appareils domestiques. En fait, les résidents du Canada, du Mexique et des USA réunis ont eu besoin en moyenne de 170 kilogrammes de cuivre par personne. En multipliant ce chiffre par une évaluation de la population mondiale à 10 milliards de personnes vers 2100, le monde exigera alors 1,7 milliard de tonnes de cuivre, ce qui représente plus que l'évaluation la plus généreuse des ressources disponibles.

La même dynamique est également vraie pour d'autres métaux tels que le platine, nécessaire aux convertisseurs catalytiques et autres dispositifs de lutte contre la pollution, et le zinc, employé pour galvaniser l'acier. Selon les chercheurs, le fer, l'aluminium et d'autres métaux plus abondants pourraient être employés en tant que produits de remplacement, et des études devraient être rapidement entreprises pour redresser ce décalage technologique. Des métaux comme le cuivre, le platine et le zinc devraient être économisés autant que possible. "Soit le reste du monde ne pourra jamais vivre comme le monde développé, soit les sociétés économiquement avancées doivent étudier davantage les technologies nécessaires pour une utilisation moins intensive de certains matériaux", explique Graedel. "Nous avons un sérieux travail d'économie domestique à effectuer".

Source: Scientific American