Une "Arche de Noé" végétale dans le Grand Nord

Publié le par Takana

Les autorités norvégiennes ont lancé lundi la construction dans la zone arctique d'une chambre forte particulière. Elle conservera des semences indispensables à la survie de l'homme à l'abri de toute catastrophe. L'agronome Jean-Marie Prosperi reste dubitatif.

Le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg a lancé lundi sur un archipel isolé de l'Arctique la construction d'une "Arche de Noé" végétale. Il s'agit d'un entrepôt destiné à assurer la survie des principales semences de la planète en cas de catastrophes naturelles ou nucléaires.

Protégée par une porte blindée et des murs de béton armé d'un mètre d'épaisseur, la future "chambre forte" construite dans une montagne de l'archipel du Svalbard pourra stocker trois millions d'échantillons de semences afin de garantir la survie à long terme des cultures vivrières fondamentales. Entourés par le permafrost (sol gelé en permanence) et par la roche, les échantillons, tels que le blé ou la pomme de terre, seront maintenus à une température de -18 degrés Celsius, ce qui garantira leur conservation pendant des centaines, voire des milliers d'années.

Le chef du gouvernement norvégien a symboliquement déposé un tube rempli de semences et de pierres à l'endroit même où la galerie sera percée sous la protection d'un policier armé prêt à éloigner d'éventuels ours polaires, relativement nombreux dans ces contrées que seuls 1000 kilomètres séparent du pôle Nord.

"Démarche presque religieuse"

Qualifiée d'"Arche de Noé" par le gouvernement norvégien ou encore de "chambre forte du jugement dernier" par ses concepteurs, la banque génétique devrait ouvrir en septembre 2007. "L'entrepôt a une importance internationale. Ce sera le seul en son genre car toutes les autres banques génétiques sont de nature commerciale", a déclaré Jens Stoltenberg, cité par l'agence NTB, en présence de ses homologues des pays nordiques. Si la Norvège, qui a financé la totalité des 3 millions de dollars nécessaires à la construction, sera chargée de la gestion de la chambre forte, les semences entreposées resteront la propriété de leur pays d'origine.

"Tous les pays disposent de collections de semences stockées dans des congélateurs", précise à l'Agence France Presse (AFP) Jean-Marie Prosperi, professeur à l'Ecole nationale supérieure agronomique de Montpellier et coordinateur des collections végétales de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra). "La capacité de stockage de 3 millions d'échantillons, prévue par le projet norvégien, est très importante", admet le chercheur. Mais selon lui, les semences ne pourront pas se conserver au-delà de 50 ans.

Par ailleurs, il souligne qu'"entre 30% et 50% des espèces ne sont pas conservables sous forme de semences dans la glace", dont les plantes tropicales, les arbres fruitiers et la vigne. Evoquant une "démarche presque plus religieuse qu'autre chose", Jean-Marie Prosperi "doute qu'un tel conservatoire puisse remplir sa mission si des événements tels que ceux envisagés venaient à survenir".

Publié dans Environnement

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