Une figure de l'islam de France arrêtée

Publié le par Takana

L'imam Dhaou Meskine et seize proches interpellés dans le cadre d'une enquête sur le financement du terrorisme islamiste.

La garde à vue de Dhaou Meskine, secrétaire général du Conseil des imams de France, et de seize de ses proches, interpellés lundi et mardi dans le cadre d'une enquête sur le financement du terrorisme islamiste, devait être prolongée hier soir de quarante-huit heures.

Personnalité marquante de l'islam de France, Dhaou Meskine a fondé en 2001 à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) le premier collège privé musulman du pays, «l'Ecole de la réussite». Son fils, Malek, 23 ans, aussi interpellé, dirige la SCI Brise normande, société propriétaire d'un manoir en Haute-Normandie, où sont organisées des colonies de vacances pour les élèves du collège. Dans le cadre d'une enquête sur un réseau de travail illégal, la gendarmerie avait été amenée à surveiller la maison. Des hommes y auraient été vus en train de s'entraîner.

D'où cette suspicion : l'argent de ce travail illégal ne sert-il pas la «cause» islamiste via le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien, créé en 1998 par des dissidents du Groupe islamique armé (GIA) et affilié à Al-Qaeda ? La suite de l'enquête est confiée à deux services de la police judiciaire : la sous-direction de l'antiterrorisme et l'Office central de répression de la grande délinquance financière.

Ces derniers ont découvert que des centaines de milliers d'euros auraient transité sur les comptes des associations et des sociétés que dirigent Dhaou Meskine et son fils, et que des virements auraient été effectués vers des ONG et parfois détournés de leur but. «Mais nous aurons du mal à déterminer s'il s'agit de financement du terrorisme», reconnaissait hier un enquêteur.

D'origine tunisienne, ancien membre du mouvement islamiste tunisien Ennadha, Dhaou Meskine a participé à la création de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) puis à celle de l'UAM 93, l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis, dont deux membres auraient aussi été arrêtés dans le même cadre. M'hammed Henniche, président de l'UAM 93, a une toute autre interprétation de l'interpellation de Dhaou Meskine : «La volonté de séduire l'électorat d'extrême droite : "On expulse les sans-papiers et on met les extrémistes au pas."» Il trouve aussi que «tout cela ne tombe pas par hasard» : l'Ecole de la réussite avait fait sa demande pour passer un contrat d'association avec l'Etat, afin de percevoir des subventions. La réponse du rectorat devait arriver dans les prochaines semaines.

Libération

Publié dans France

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