Un suicide aérien secoue Berlin

Publié le par Takana

Un père de famille, soupçonné d'avoir tué sa femme, se suicide. Un fait divers tragique mais banal. Sauf que Volker Klawitter, éboueur de 39 ans, a mis fin à ses jours en précipitant son petit avion tout droit sur la pelouse qui sépare le Reichstag de la Chancellerie allemande. Pile au coeur du quartier du gouvernement à Berlin. En pleine psychose d'attentats en Europe, quatre ans après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, les Berlinois découvrent avec stupéfaction la vulnérabilité de leurs bâtiments officiels.

Il est 20 h 30 vendredi soir. Les touristes patientent pour visiter la coupole en verre qui coiffe le Parlement allemand. Ils entendent un bruit de moteur. Un biplan à hélices surgit de derrière l'édifice avant de s'écraser à trois cents mètres de là, non loin des fenêtres de Gerhard Schröder, en vacances actuellement. L'occupant du cockpit est tué sur le coup, les flammes réduisent l'avion en cendres.

Rapidement, les autorités locales excluent un acte terroriste. Le pilote a décollé d'un aéroport de la région avec son fils de 14 ans, qui est descendu lors d'un arrêt sur un autre aérodrome. Il lui aurait confié ses papiers avant d'évoquer un suicide. Depuis plusieurs jours, la police de la région du Brandebourg recherchait son épouse, disparue sans laisser de traces. Les enquêteurs croient au drame familial.

Pour ne pas être repéré, Volker Klawitter n'avait pas allumé l'émetteur embarqué à bord de son Kiebitz. Les radars n'ont donc rien détecté. En soi le survol de Berlin n'est d'ailleurs pas une infraction : la balade au-dessus de la capitale allemande est une attraction touristique. Depuis vendredi soir, plusieurs hommes politiques conservateurs ­ Berlin est gouverné par les sociaux-démocrates et les ex-communistes ­ réclament plus de sécurité. Le ministre fédéral des transports, Manfred Stolpe, a annoncé hier que le gouvernement allait faire interdire aux avions de tourisme le survol de Berlin.

Ne dramatisons pas, répond l'armée : certes, il est presque impossible d'arrêter un avion de tourisme, mais l'Allemagne est équipée en cas de tentative d'attentat avec des avions de ligne comme ceux du 11 septembre. Selon les experts, un appareil léger ne pourrait pas transporter assez d'explosifs ou de carburant pour détruire un bâtiment officiel.

Il y a d'ailleurs au moins un précédent. Le 12 septembre 1994, un déséquilibré avait précipité son appareil sur la pelouse de la Maison Blanche à Washington, au beau milieu de la nuit. Lui non plus n'avait pas été repéré par les services secrets. Il avait été tué sur le coup, les dégâts avaient été minimes.

Les Allemands eux se souviennent surtout de l'aventure de Mathias Rust. En mai 1987, ce jeune Hambourgeois avait posé son Cessna 172 sur la place Rouge à Moscou, au nez et à la barbe des radars soviétiques. Le Kremlin n'avait pas goûté la plaisanterie, Rust avait été condamné à quatre ans de prison pour «hooliganisme aggravé».

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